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Interview
Willy Denzey : Passage à l'acte
Fort du succès de son premier opus "Number
One", Willy Denzey n'a pas pris la peine de s'endormir sur ses
lauriers. Le voici déjà de retour avec "Acte 2", un quatorze
titres concoctés dans la même veine. Celle d'un R&B lisse et
festif au service d'un objectif simple : "Faire rêver les
gens"...
En musique comme ailleurs, il faut
savoir battre le fer quand il est chaud. Et ça, du haut de ses
22 ans et de ses 150 000 albums vendus, Willy Denzey l'a bien
compris. N'allez pas croire non plus pas que l'ancien
participant à l'émission "Graines de Stars" n'ait que les mots
marketing et business à la bouche. Non simplement, un an à peine
après la sortie d'un premier opus au titre prémonitoire "Number
One", le chanteur d'origine laotienne se sentait déjà de taille
à prolonger l'aventure : "'Acte 2', est dans le même esprit que
ce que j'ai fait avant, je voulais juste pousser un peu plus
loin la démarche".
Ne pas casser le délire
Soit, mais sans changer
les fondamentaux : "Il est clair que je n'allais pas casser le
délire. Quand tu as autant de personnes qui achètent ton premier
album,tu dois t'assurer qu'ils puissent se retrouver dans tes
nouvelles chansons". Et pourtant, le Willy Denzy version 2004
'annonce un tantinet plus porté sur le corps à corps. Moins
love, et nettement plus chaud, une évolution on ne peut plus
logique pour un artiste qui bondit direct sur la question, la
formule déjà tout prête : "Des plaisirs du coeur à ceux du
corps, il y a une stricte continuité". Avant d'admettre dans la
foulée qu'il n'au
"J'aimerais effectivement
sortir un peu du cliché qui entoure le R&B,
une musique vue actuellement comme un simple phénomène de mode."
Willy Denzey
rait pas oser sortir des titres comme "Boo", "Honey" ou "Mon
aphrodite" sur "Number one. "Quand tu débarques de nulle part,
tenir d'emblée ce type de propos s'avère un peu risqué. Ce n'est
plus le cas désormais. Je suis 'installé', j'ai donc plus de
liberté dans l'écriture." Un Willy Denzey bridé à ses débuts ?
Ce dernier réfute l'hypothèse, donnant une explication beaucoup
plus anodine à son évolution artistique : "Sincèrement, au
moment de l'enregistrement, nous n'avions pads une volonté
délibérée d'aller dans telle ou telle direction. En studio, nous
sommes partis dans un délire sexe, tout simplement parce que
c'était l'été... Il commençait à faire chaud et ça nous a tourné
la tête !".
Le Sens du collectif
Vous l'aurez remarqué, lorsqu'il évoque sa carrière, Willy
Denzey dit rarement "je", préférant parler à la première
personne du pluriel. Une démarche étonnante chez un interprète
qui écrit ses chansons, mais logique au vu de l'humilité dont il
fait preuve en interview. "L'élaboration d'un disque n'est
jamais le fait de l'artiste seul. Autour de lui, il y a tout un
collectif qui boss, en studio comme en maison de disques". Sur
le plan artistique, l'entourage, de Denzey a, il est vrai, peu
changé depuis "Number One, du moins si l'on excepte l'absence du
duo de producteurs Kore & Skalp concentrés sur leur projet "Raï
N'B Fever". "On ne change pas une équipe gagne !", dit la
formule consacrée. Willy la reprend à son compte, avant
d'insister tout de même sur la nouvelle collaboration de Wayne
Beckford : "Pouvoir bosser avec lui est un honneur. Je l'admire
depuis mes tous débuts, l'époque où je reprenais les morceaux de
Boyz II Men. Il faisait alors partie d'un groupe, Nine Yards, je
kiffais trop son album". Des références qui mettent la barre
haute comme ses reprises de classiques de R&B US en concert ou
celle de "Hello" de Lionel Ritchie en version unplugged. "Que je
chante ce type de morceaux est logique, c'est à travers eux que
j'ai appris", objecte-t-il avec simplicité.
Ne rien regretter
Relax, le Will et même à l'idée que "Acte 2" ne puisse pas
connaître le même succès que son surprenant "Number One :
"Perso, je ne travaille pas dans cet esprit-là. Ceux qui
m'entourent panique un peu, pas moi. Franchement, en être arrivé
là, c'est déjà bien. Alors, le fait que cela continue ne peut
que me rendre heureux". L'artiste dit d'ailleurs se donner à
fond depuis le début : "Sur ce plan, je suis serein, je n'aurais
jamais rien à regretter". Que lui manque-t-il dès lors ? "Là où
l'on m'attend le plus, c'est peut-être au sein du milieu
hip-hop. La fameuse question de la crédibilité...", lâche-t-il,
avant de rebrousser chemin : "En fait, chacun a sa définition du
mouvement. Ceux qui approuvent, tant mieux. Quant aux autres,
qu'ils aillent se faire voir ! Le hip-hop évolue, il faudrait
l'admettre. Le R&B est, selon moi, une couleur dep lus au sein
de cette culture. Où est le problème ? Aux USA, je n'ai pas
l'impression qu'il existe ce type de barrière". Soit... On sent,
néanmoins, chez le chanteur la volonté de s'extraire d'une image
décidément trop étriquée, celle de l'ambianceur pour midinettes.
"J'aimerais effectivement sortir n peu du cliché qui entour le
R&B, une musique vue actuellement comme un simple phénomène de
mode", admet-il avec lucidité. Une évolution palpable dès le
prochain album ? "Probablement. En tout cas, il sera sûrement
plus acoustique avec une direction musicale à la Jill Soctt,
plus engagé aussi. Je ferais davantage de textes dans la veine
de 'L'orphelin' ou 'C'est écrit dans l'histoire' ". Des morceaux
qui sont, d'ailleurs, parmi les plus réussis de son
répertoire... |